Patrimoine bâti 1860-1960
Annemasse a connu un développement rapide et à première vue elle ne conserve que peu de traces de l'ancien... Il faut dire qu'en 1872, seulement 1143 habitants vivaient à Annemasse. La Ville compte pourtant quelques édifices remarquables. Certains ont été remaniés au fil du temps, illustrant la mémoire d'une ville qui a dû s'adapter aux évolutions et aux remous du 20ème siècle. Le patrimoine bâti nous apporte un éclairage sur le passé des Annemassiens, tel un héritage pour les générations futures...
Annemasse 1860-1960 : Création d'une ville...
La Ville au 19ème siècle
Au 19ème, Annemasse est composée de hameaux, parmi lesquels Château Rouge, lieu d'échanges et de rassemblement. À l'époque, la plupart des habitations sont des fermes ou des maisons campagnardes et plusieurs parcelles sont recouvertes de vignes.
Période Sarde
Jusqu'en 1860, Annemasse fait encore partie des Etats Sardes, un territoire qui comprend la Savoie, la Sardaigne, le Piémont et une partie du Nord de l'Italie. Le dernier représentant politique sarde d'Annemasse est Claude-Philippe Dusonchet, syndic puis maire d'Annemasse de 1854 à 1871, et propriétaire de la Villa du Parc. Au 19ème, le bourg commence à prendre de l'importance et plusieurs édifices sont construits. L'influence transalpine et le style sarde est visible , comme dans la rue Fernand David ou le long de l'avenue de la Gare. Des années plus tard, ce style continuera à inspirer les constructeurs, notamment dans la décoration.
Développement de l'axe Gare-Mairie
À la fin de ce siècle, les chemins de fer représentent un enjeu stratégique. La construction de la ligne Collonge-Annemasse-Thonon en 1880 va amorcer l'essor économique et démographique du bourg qui se développe désormais entre l'Hôtel de Ville et la Gare.
L' Hôtel de Ville est bâti entre 1882 et 1885. Il servait à l'origine de Mairie, de Poste, de Commissariat et d' Ecole primaire ! La Gare PLM, actuelle gare SNCF, est construite en 1880, en même temps que l'avenue de la Gare et la rue du Docteur Favre. De style classique IIIème Republique, elle était située sur la ligne Genève-Evian et permettait un raccordement au réseau Paris-Lyon-Marseille. En 1892, pour faciliter les échanges avec la Vallée du Giffre, une ligne de tram sur route est créée et une nouvelle gare est édifiée à deux pas de la gare PLM, la Gare « CEN », gare des Chemins de fer Economiques du Nord.
Le trafic ferroviaire augmente et de nombreux hôtels sont construits avec l'espoir de capter le flux de voyageurs : Hôtel de l'Europe, Hôtel Moderne, Hôtel Terminus, etc. Quelques années plus tard, lors de la Première Guerre mondiale, plusieurs de ces hôtels permettront l'accueil des réfugiés.
Début du 20ème siècle
Développement économique de la ville
Au début du 20ème siècle, plusieurs usines et manufactures sont implantées à Annemasse , à Ville-la-Grand, à Gaillard et à Ambilly : Usine Maître, Usine Camps-Charrière, Usine de bas Scheer, entreprise Allain, Rodé-Stüchki, Châtelain, MAG ; Cuenod, Metzger, etc. La ville est toujours aussi attractive et les nouveaux arrivants sont nombreux. Des habitats locatifs sont construits pour les ouvriers dès la fin du 19ème. Plusieurs immeubles sont également édifiés, parmi lesquels la Maison Fortis (connue aussi sous le nom de Grand Môle) ou l'immeuble Tavelli.
Cependant, Annemasse compte aussi plusieurs demeures remarquables, qui témoignent de la présence de notables et d'entrepreneurs ayant fait fortune. C'est le cas de M. Montfort, qui décide d'installer sa demeure sur les bords de l'Arve et se fait construire l'actuelle « Villa Fantasia ». Les inspirations architecturales de l'époque sont variées. Le bâti ouvrier jouxte des immeubles de style hausmannien et néo-classique. D'autres bâtiments sortent littéralement de l'ordinaire, comme la surprenante maison Andrier, tout près de l'Hôtel de Ville.
Des infrastructures au service des habitants
Durant la même période, pour répondre à l'accroissement de population, la ville investit dans la construction d'édifices publics. En 1900, le maire Bastin et le conseil décident de construire un nouvel établissement permettant aux jeunes annemassiens de poursuivre leur scolarité jusqu'au brevet. L'Ecole Primaire Supérieure, située à l'emplacement de l'actuel collège Michel Servet, ouvre en 1905 et accueillera de nombreux d'élèves venus d'autres communes.
La Ville prévoit d'autres créations de bâtiments mais la plupart des projets sont mis en suspens à l'annonce de la Première Guerre mondiale. La Commune décide quand même d'achever l'Hôtel des Postes, un édifice, qui bien qu'ayant subi de grandes transformations, existe toujours !
Annemasse, en route vers la modernité...
Au sortir de la guerre, on trouve encore des vaches en centre ville avec la ferme Mercier, mais la Ville évolue rapidement. La croissance démographique s'est accélérée et avec les nécessités de la modernité et l'urgence du logement, certains bâtiments sont démolis ou modifiés. Conséquence du dynamisme économique mais aussi de la guerre, Annemasse vit en effet une crise du logement sévère. Les premiers logements sociaux sont construits à Sous Cassan au Château Rouge en 1957. Le bâti des années 50 se caractérise par l'utilisation de nouveaux matériaux : structures en béton, remplissage ciment ou briques, crépis en ciment. Les foyers bénéficient désormais du confort moderne avec l'eau courante, cuisine et salles de bain.
En 1955, un plan d'urbanisme d'envergure est élaboré, le Plan Palanchon. Dans les réalisations prévues, se trouve déjà un projet d'aménagement du quartier du Perrier et la construction de 2000 logements au pied de la colline de Monthoux...
Durant les décennies suivantes, pour répondre aux besoin des habitants, de nouvelles structures seront créées . Parmi les créations architecturales notables, citons l'espace Martin Luther King, la Maison de la Culture de Château Rouge, le Centre Nelson Mandela, la Maison des Jeunes et de la Culture... Une nouvelle page s'écrit...